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REN MAI

Devise

Je t'aime, avec ton oeil candide
je t'aime, avec ton oeil candide et ton air mâle,
Ton fichu de siamoise et ton cou brun de hâle,
Avec ton rire et ta gaîté,
Entre la Liberté, reine aux fières prunelles,
Et la Fraternité, doux ange ouvrant ses ailes,
Ma paysanne Egalité !
Victor Hugo (recueil Dernière Gerbe)

Elle avait pris ce pli ...

Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin
De venir dans ma chambre un peu chaque matin;
Je l'attendais ainsi qu'un rayon qu'on espère;
Elle entrait, et disait : Bonjour, mon petit père ;
Prenait ma plume, ouvrait mes livres, s'asseyait
Sur mon lit, dérangeait mes papiers, et riait,
Puis soudain s'en allait comme un oiseau qui passe.
Alors, je reprenais, la tête un peu moins lasse,
Mon oeuvre interrompue, et, tout en écrivant,
Parmi mes manuscrits je rencontrais souvent
Quelque arabesque folle et qu'elle avait tracée,
Et mainte page blanche entre ses mains froissée
Où, je ne sais comment, venaient mes plus doux vers.
Elle aimait Dieu, les fleurs, les astres, les prés verts,
Et c'était un esprit avant d'être une femme.
Son regard reflétait la clarté de son âme.
Elle me consultait sur tout à tous moments.
Oh! que de soirs d'hiver radieux et charmants
Passés à raisonner langue, histoire et grammaire,
Mes quatre enfants groupés sur mes genoux, leur mère
Tout près, quelques amis causant au coin du feu !
J'appelais cette vie être content de peu !
Et dire qu'elle est morte! Hélas! que Dieu m'assiste !
Je n'étais jamais gai quand je la sentais triste ;
J'étais morne au milieu du bal le plus joyeux
Si j'avais, en partant, vu quelque ombre en ses yeux.

Victor Hugo (recueil Les Contemplations)

  Auguste Rodin et Victor Hugo
   Un dialogue esthétique


"Leur histoire commence avec la rencontre des deux hommes en 1883. Auguste Rodin a alors 43 ans et Victor Hugo 81. Hugo est fatigué, usé, il a perdu sa femme et ses trois enfants, et sa maîtresse Juliette Drouet est gravement malade. Hugo refuse de poser pour Rodin qui veut sculpter son portrait. En revanche, il lui propose de venir pendant quelques semaines l'observer chez lui. Rodin doit alors changer ses méthodes de travail : alors que pour lui le dessin est un art parallèle à la sculpture, il est contraint à le considérer comme un préalable à son œuvre. Il observe donc Hugo chez lui et en fait une multitude de croquis, avant de faire passer ses attitudes et ses expressions en sculpture.

On pourrait croire que l'admiration de Rodin pour Hugo tournait à l'obsession, étant donné le nombre incroyable d'œuvres, même inachevées, dédiées à l'unique portrait de Hugo, montrant le cheminement artistique et les hésitations du sculpteur. Toutefois, ce serait se méprendre, car il s'agit simplement de l'expression concrète du désir du sculpteur de produire des œuvres à la hauteur de l'incommensurable talent de son modèle. C'est parallèlement, aussi toute une recherche esthétique de sa part, pour créer une œuvre qui se superposerait à l'universel du génie de l'écrivain..."   (source esseclive.com "Hugo face à Rodin)




















HUGO ET SES MUSES (Auguste Rodin)
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G
<br /> Hélène et "totor" comme on l'appellait!! Ah! "Elle avait pris le pli dès son âge enfantin de venir dans ma chambre un peu chaque matin" ... Un ange passe. Je me souviens, vers la fin d'orange,<br /> j'avais raconté avec images, textes, comment Hugo apprend la mort de sa fille par les journaux, il écrit à sa femme, il met deux ans avant de se recueillir sur la tombe et lui dédie notamment<br /> "Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne/Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends/J'irai par la forêt, j'irai par la montagne/Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps".<br /> Souvenirs d'enfance qui se mèlent à la tristesse ... Dans ma mémoire, j'ai appris ces poèmes en même temps que Le dormeur du Val de Rimbaud, c'était bien l'école quand on était petits (11-13 ans)<br /> il suffisait de mettre le ton sur une poésie pour avoir une bonne note, où notre professeur principal, Mademoiselle Aschwanden qui m'adorait et moi de même ... Epoque bénie où je rafflais tous les<br /> prix mais mes parents, trop timides, ne venaient pas à la distribution de prix, ni au reste d'ailleurs ... comme c'est loin et comme c'est proche.<br /> Merci Hélène de m'avoir fait me souvenir de ces moments là.<br /> je t'embrasse. Gaby<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Superbe commentaire, tant de choses dites. Merci mille fois Gaby. Je t'embrasse aussi ! "Demain dès l'aube..." : une merveille.<br /> <br /> <br />
M
<br /> C'est bon de passer chez toi ce matin pour y retrouver toute cette poésie et ces destins croisés.<br /> Je te souhaite une douce journée.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> C'est bon de lire Victor Hugo. On comprend en lisant ses poèmes pourquoi il fut tant aimé et tant admiré. A très bientôt par commentaires croisés ;-)<br /> <br /> <br />